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L'action collective et la persévérance des rizicultrices de Madagascar ont porté leurs fruits


La modernisation de l'agriculture exige des agriculteurs qu'ils adoptent un esprit d'entreprenariat et qu'ils maintiennent la rentabilité de leurs activités agricoles. En effet, des gains plus élevés provenant d'activités entrepreneuriales efficaces peuvent être obtenus et maintenus lorsque l'engagement est délibérément inclusif et permet l’autonomisation.


La recherche en matière de genre compte identifier de tels modèles inclusifs pour les femmes et les jeunes qui leur donneraient accès aux ressources productives et leur permettraient de contrôler des revenus et des actifs. Ces modèles généreraient également des opportunités d'emploi pour la croissance économique et le développement agricole.


Des études menées dans plusieurs pays d'Afrique de l'Ouest et de l'Est ont montré qu'il existe un large éventail de meilleures opportunités d’affaires pour différentes catégories d'agriculteurs et de transformateurs (âge, sexe, etc.). La production de semences de riz et la transformation du riz sont des activités lucratives dans lesquelles les agricultrices et les transformatrices ne s'engagent pas suffisamment, car elles ne disposent pas des compétences techniques et de gestion requise.


AfricaRice et ses partenaires ont intentionnellement inclus les actions d'intégration du genre dans une offre complète qui comprenait une formation technique avec des modules visant à améliorer les compétences en marketing, en entrepreneuriat et en comportement organisationnel. Les résultats montrent que les agriculteurs en général, et les femmes en particulier, ont commencé à récolter les fruits de ces actions, comme le montre l'exemple de l’association de femmes Mirandava dans le Sud-Ouest de Madagascar.


L’association de femmes Mirandava, à Andranomanintsy, dans le district de Morombe, a été créée en 2008, réunissant 13 membres. Depuis 2014, l’association a commencé à cultiver du riz, dans le cadre d'une action collective, appuyée par le Projet de réhabilitation des infrastructures agricoles de la région Sud-Ouest (PRIASO). Elle a commencé à travailler avec AfricaRice en 2019 sur la production de semences certifiées pour le riz irrigué.


L’association a adopté les techniques de culture des semences certifiées, notamment le désherbage effectué trois fois, l'apport d'engrais, comme le NPK et l'urée, l'élimination des plantes hors-type du champ et le maintien d'une distance tampon de deux mètres par rapport aux parcelles voisines. Pour la production de semences, les femmes ont planté la variété de riz FOFIFA 189, qui donne jusqu'à 7 tonnes de semences par ha, générant un gain net de 2 tonnes/ha, par rapport aux anciennes variétés et pratiques traditionnelles.


Il est vrai que l’association a reçu un appui de la Banque africaine de développement en 2020, qui inclue un motoculteur doté d’une remorque, un pulvérisateur et une charrue. Elle a également reçu, entre autres, de PRIASO (par le biais d'AfricaRice) une batteuse, une vanneuse et un humidimètre, qui sont essentiels pour préserver la qualité des semences. Mais c'est essentiellement le travail acharné et la persévérance des femmes qui ont été le principal moteur de leur croissance actuelle, de leur statut, de l'amélioration de leurs moyens d’existence et de leur autonomisation économique.


Par exemple, les femmes ont pris l'initiative de mettre en place une parcelle de démonstration en bord de route, qui a attiré des agriculteurs à qui elles fournissent également des conseils sur les bonnes pratiques agricoles afin d'augmenter le rendement des cultures. Ces agriculteurs, à leur tour, sont devenus les principaux acheteurs des semences produites. Les activités de démonstration ont également attiré des producteurs d'autres districts et régions, qui viennent partager leurs expériences et apprendre des femmes, ce qui est une source de fierté pour elles.


L’association a également manifesté son intérêt pour l'étuvage et la commercialisation du riz. Après avoir reçu une formation sur la transformation du riz, les femmes ont commencé à produire et à vendre du riz étuvé. Ces dernières ont déjà fait connaître ce produit en participant à diverses foires régionales et nationales, ce qui constitue une source de revenus supplémentaire pour l’association, car le riz étuvé est vendu à un prix plus élevé que le riz non étuvé.


L'accroissement de la richesse est réel. Par exemple, Mme Martine a produit 4 tonnes de semences qu'elle a vendues et a pu acheter une moto ainsi que des zébus pour les atteler à la charrue car certaines zones ne lui sont pas encore accessibles par le motoculteur. Selon elle, « je n'ai plus besoin de dépendre du microcrédit car l'argent que je tire de l'agriculture suffit à nourrir ma famille ». Mme Isabelle, un autre membre de l’association Mirandava, produit déjà du riz étuvé pour elle-même et approvisionne quelques hôtels dans la ville de Tuléar.


Les bénéfices des membres de l’association sont notés collectivement. Ces dernières ont fait remarquer qu'avant de collaborer avec AfricaRice, elles avaient l'habitude de partager la moitié de leur récolte avec le propriétaire foncier, mais que maintenant elles peuvent se permettre de louer une parcelle de 50 ares avec leurs ressources. Elles espèrent obtenir leur propre parcelle dans quelques années avec l'extension du périmètre irrigué dans la zone.


L’association de femmes de Mirandava a un message pour les autres associations d'agriculteurs et surtout pour les autres femmes qui pourraient envier leur position actuelle : « Il faut persévérer car le chemin est long et difficile pour obtenir des résultats de qualité, mais si d'autres y sont parvenus, nous pouvons le faire aussi. La riziculture est vraiment viable si on la pratique de manière professionnelle. Lorsque les femmes contribuent aux revenus de la famille, nous avons plus de liberté dans la prise de décision. »


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